1989
Lola et Yanie se rencontrent. Lola travaille à temps partiel comme attachée de presse, Yanie comme bibliothécaire.
Lola et moi est l'histoire d'une amitié, celle d'Annie et de Lola, unies pour le meilleur et pour le pire, à la vie et à la mort.
Annie, jeune libraire au grand cœur, fait tout pour que les gens qui l'entourent soient heureux, au point d'en négliger son propre bonheur. Son amie Lola, attachée de presse sémillante, collectionne les amants pour guérir les blessures d'une enfance dysfonctionnelle. L'une est timide, l'autre extravertie. L'une fuit dans les livres, l'autre dans les bras des hommes. Contraires, la difficulté qu'elles ont à s'aimer elles-mêmes et à se révéler aux autres, les lie pourtant. Leur amitié sera ébranlée par l'arrivée du pianiste de rue Viktor, par les mensonges de Lola puis par le cancer qui frappera celle-ci. Passionnée de l'œuvre de Claude Gauvreau, Annie a le pouvoir de faire apparaître des mondes imaginaires grâce à la poésie de l'auteur. Faculté qu'elle utilisera pour émerveiller Lola et ainsi apaiser les souffrances de son amie, mais aussi les siennes. Tragique, la maladie de Lola offre néanmoins aux deux amies une opportunité de rédemption et de guérison de l'âme réciproques.
Libraire aux cheveux courts blonds, l'allure plus garçonne que féminine, petite et mince. Plutôt jolie, mais pas coquette pour deux sous, Annie Dupuis n'a jamais porté de robes et revêt immanquablement un pull rayé, un pantalon fuselé et des ballerines noires. Elle est indépendante, féministe, un peu timide et très cérébrale. Elle possède une maîtrise en littérature québécoise doublée d'une maîtrise en littérature française. Elle voue un plaisir coupable aux romans absurdes, aux contes de fées et aux mouvements surréaliste, dadaïste et automatiste. Sa véritable passion, ce sont les œuvres du poète et dramaturge québécois Claude Gauvreau. Elle l'adore, car il est tout ce qu’elle n’oserait pas être : artiste, polémiste, révolutionnaire, créateur absolu et amoureux éperdu. Un rayon de sa librairie lui est entièrement consacré.
Annie n’a pas connu son père. Sa mère, féministe engagée, l'a conçue lors d'une nuit de la poésie avec un poète de passage, voulant élever l'enfant sans s'encombrer d'un homme. Morte d'un cancer du sein, sa mère a légué la librairie (qu'elle avait héritée de la sienne) à Annie. La jeune femme ne fume pas, n'a jamais pris de drogue ni même une goutte d'alcool. Elle partage la majorité de son temps entre sa maison et sa librairie, qui sont voisines. Annie est l'amie de tout le monde (surtout de Lola, sa seule véritable amie), mais préfère souvent la solitude et le réconfort des livres. Romantique et rêveuse, elle s’évade dans l’imaginaire de la littérature. Lorsqu'elle plonge dans la poésie de Claude Gauvreau (qui lui apparaît en chair et en os), le décor qui l'entoure se métamorphose, revêtant l’univers du récit et matérialisant ses émotions. Annie est la seule à voir ces manifestations de son esprit, mais croit qu'elle peut les offrir à ceux qu'elle aime.
Annie adore parcourir son quartier, en scooter ou à pied, et aime particulièrement la petite place devant sa librairie où Viktor, pianiste de jazz mélancolique, vient s'installer pour jouer. La musique, interprétée avec passion par Viktor, la touche droit au cœur. Le côté torturé et amoureux éploré à la Gauvreau ainsi que le mal-être du pianiste font appel à la fibre salvatrice d'Annie. Elle s’interdit de lui montrer son intérêt et préfère fantasmer. Sa dernière relation amoureuse avec Simon, un auteur de romans narcissique et incompris, s'est mal terminée et Annie ne s'est pas encore délestée de cette peine. Elle voit l'énergie déployée par Azym (le boulanger tunisien) pour lui faire plaisir et s'imagine bien qu'il est amoureux d'elle, mais son cœur demeure fermé. Annie se sent responsable du bien-être d'Azym et veut lui faire sentir que le Québec est une terre d'accueil chaleureuse. Elle fait des pieds et des mains pour l'aider avec ses papiers d'immigration. Annie s'assure aussi que Raymond, le sans-abri qui s'est installé sous l'escalier de sa librairie, ait de quoi manger et lire.
Lola est la meilleure amie d'Annie, bien qu'elle représente le type de femme que la libraire déteste (superficielle, sexy, extravertie, égoïste). Pire, Lola est attachée de presse pour des auteurs de romans populaires, ce qu'Annie, puriste, abhorre. Mais Lola la fascine malgré tout. Annie voudrait avoir son assurance, son charme, sa légèreté. Les contraires s'attirent et Annie est très attachée à Lola, même si son amie est plutôt égocentrique. Au-delà de leurs différences, Annie et Lola se reconnaissent dans leur solitude intérieure et dans leur soif mutuelle d’amour. Le lien qui les lie est si puissant que la trahison de Lola (avec Simon) ne détruit pas leur amitié. Annie choisit d'enfouir cette blessure, mais la souffrance commune des deux amies devra être résolue. Optimiste, mais terrorisée à l'idée de perdre Lola, qui a reçu un disgnostic de cancer, Annie se sert de son don, lui créant des univers imaginaires pour lui procurer du bonheur, de l'espoir et se donner à elle-même du courage et une raison d’être. Croyant bien faire, Annie retrouvera la mère de Lola contre le gré de son amie.
Sarah-Jeanne incarne parfaitement Annie. Lors de nos rencontres, j'ai senti sa douceur, sa fragilité, son altruisme et son amour pour la littérature qui la lient déjà au personnage. Je la regarde jouer et évoluer avec brio depuis plusieurs années et je sais qu'elle possède non seulement le talent et la palette d'émotions nécessaires à l'interprétation du rôle d'Annie, mais qu'elle dégage aussi la force tranquille, l'ingénuité et la sensibilité pour nourrir et incarner ce personnage central du film.
Cheveux noir coupés au carré avec une frange, Lola de Mentana, grande et mince, porte fièrement ses talons hauts, sa robe de dentelle noire, son écharpe en organza et arbore rouge à lèvres et vernis à ongles écarlates. Elle a trois petits grains de beauté noirs distinctifs sur la joue droite, entre l'œil et la pommette. Elle affiche sans pudeur sa sensualité, sa féminité, son désir de plaire et parfois son arrogance. Elle est énergique, a le regard malicieux et vit à cent à l'heure, le sourire aux lèvres. Naturellement maniérée, elle possède une démarche ondulante, un rire gloussant et un air désinvolte. Mais sous cette apparente force, Lola est totalement vulnérable et se croit sans valeur, et indigne d'un quelconque amour.
Sulfureuse, éternelle maîtresse (et non éternelle amoureuse), elle collectionne les amants pour les laisser tomber comme de vieilles chaussettes. Elle affirme ne pas vouloir de copain et encore moins d’enfants (ce qui est loin d'être vrai), mais c'est la peur de l'abandon qui dicte ses actions. Lola a grandi dans un milieu malsain. Sa mère, toxicomane et abandonnée par le père dès qu'il a su qu'elle était enceinte, n'avait pas les moyens et les ressources pour l'élever proprement. La petite est passée de bras en bras, alors que la mère passait d'amant en amant et de petit boulot en petit boulot. Adolescente, elle a rapidement quitté la maison pour s'éloigner le plus loin possible de sa mère, craignant de devenir comme elle. Sa mère, aujourd'hui sobre, veut renouer avec elle, mais Lola, qui traîne la honte de son passé, lui a tourné le dos. Elle a même changé son nom de naissance (Marie-Claude Therrien) pour celui, plus attrayant et libérateur, de "Lola de Mentana".
Elle travaille en relations publiques en tant qu'attachée de presse et gère l’agenda et la promotion des œuvres d'auteurs locaux et étrangers. Elle évolue dans un milieu jetset; tout le monde la connaît et elle adore ça. Son métier, ses sorties et ses amants l'étourdissent et c'est exactement ce qu'elle désire, car cela lui permet d'occulter ses blessures. C'est à travers son métier qu'elle a découvert la librairie L'Étal Mixte et rencontré sa propriétaire, Annie, aujourd'hui sa meilleure et unique amie. Lola aime l'attention et l'amour que lui porte Annie, qui est le seul qu'elle accepte. Pourtant, Lola lui ment, la néglige et la trahit avec son ex-petit ami. Lola teste les limites de l'amour d'Annie envers elle, qu'elle ne croit pas mériter. Malgré tout, Annie ne l'abandonne pas, lui pardonne ses erreurs et lui permettra d'être en paix avec sa mère et avec elle-même.
Lola souffre d'atroces douleurs au dos, qu'elle néglige et minimise auprès d'Annie et de tout le monde. Elle est loin de se douter que sa condition est extrêmement sérieuse et urgente. Elle estompe la douleur en avalant une multitude de cachets. Extrêmement soucieuse de ce que les gens pensent d'elle, Lola voile ses émotions et sa fragilité, même en présence d'Annie. Lola parviendra toutefois à s'ouvrir à son amie entièrement, à lui demander pardon et à reconnecter avec ses sentiments profonds et ses besoins. Lola sait que les mises en scène d'Annie ne sont que des artifices pour éclipser la maladie et la mort, mais elle s'y abandonne. Grâce à Annie, elle arrivera à se réconcilier avec sa mère, à mieux la comprendre, à l'aimer et à se laisser aimer par elle. À son tour, Lola permettra à Annie de s'épanouir pleinement.
Charlotte Le Bon est, pour moi, la comédienne idéale pour interpréter Lola. Elle possède la grâce, l'élégance et le « chien » du personnage. Ses nombreux rôles et choix audacieux d'interprètes au cinéma ont prouvé sa capacité d'aller au-delà de la comédie pour livrer sa vulnérabilité et profondément émouvoir les spectateurs. Créatrice aux multiples facettes, Charlotte est aussi illustratrice, auteure, réalisatrice et artiste en arts visuels. Le projet Lola et moi correspond donc tout à fait à ses univers de prédilection. Le fait qu'elle soit bien établie dans le paysage cinématographique européen, mais qu'elle puisse jouer avec son accent québécois, rend sa candidature d'autant plus intéressante. Elle sera approchée par notre coproducteur français Christophe Audeguis, qui lui-même adhère à ce choix. La participation éventuelle de Charlotte Le Bon jouera en notre faveur auprès du Centre national du cinéma et de l'image animée et du public français.
Grand, mince, cheveux châtains en bataille, mal rasé, portant une fine moustache et trop souvent la clope au bec, Viktor Nowak est un pianiste dont la carrière n'a jamais pris son envol. Le musicien est éternellement vêtu de son costume trois pièces un peu défraîchi des années 30 et il porte des gants coupés à la Glenn Gould lorsqu'il joue (davantage pour le look que pour réchauffer ses mains). Pianiste de jazz, mais de formation classique, c’est un virtuose qui a tout raté. Musicien prodige depuis l'enfance, il est pourtant convaincu qu'il n'a aucun talent. Né au Québec, il est d’origine polonaise. Ses parents sont arrivés de Varsovie dans les années 60, pensant faire fortune en créant la première vodka canadienne. Son père est alcoolique (ainsi que son grand-père, son oncle et tous ses ancêtres). Viktor, attiré par l'excès, doit se contrôler quand il boit. Élevé dans le quartier Mile End de Montréal, il parle aussi bien le français que l'anglais.
Nonchalant, il ne sait (et ne veut) rien faire d'autre que de la musique et n'a pas vraiment de boulot, ce qui exaspère son ex-copine Lucy, qui vient de le quitter. Croyant la reconquérir en réalisant un grand geste, il décide de s'installer sur la place devant la librairie d'Annie pour battre le record du plus long marathon de piano (détenu jusqu'alors par Mrityunjay Sharma en Inde: 127 heures, 8 minutes et 38 secondes). Il joue (et chante à l'occasion) des standards de jazz, qu'il réinterprète, ainsi que ses propres pièces instrumentales (poignantes) dont il n'est jamais satisfait. Il pianote un jazz langoureux et chante avec une fragilité dans la voix, à la Chet Baker. Quand il joue, plus rien n'a d'importance. Son engouement pour la musique et son je-m'en-foutisme général lui ont jadis fait perdre amis, contrats et logements. Il vit temporairement chez ses parents. Il aimerait composer LA pièce musicale dont il serait fier et qui lui apporterait la reconnaissance dont il a besoin.
Il n’a d’amour que pour la musique et pour Boris, son fidèle piano droit, qu’il transporte avec lui soir et matin, le tirant machinalement comme un chien en laisse à travers la ville. Il a trouvé Boris dans la rue, enchaîné à un poteau (il appartenait en fait à la Ville de Montréal) et il s'est empressé de le délivrer, de le repeindre et de bien prendre soin de lui. Le petit air loser d'artiste troublé qu'affiche Viktor plaît aux femmes. Il le sait, il s’en sert, mais finit quand même par être malheureux en amour. Enfant, son cœur a été brisé par sa prof de piano, de 20 ans son aînée, de qui il s'était épris. Au fond, il est fleur bleue et rêve d'un amour durable... mais seulement avec une femme qui comprendra que la musique est sa première maîtresse! Se prendre en main et braver ses peurs est trop exigeant pour Viktor, qui baisse rapidement les bras.
Lola et Annie viennent bouleverser ses habitudes et ses convictions. L'aplomb, le charme et le désintérêt de Lola envers lui vont le surprendre et le vexer. À ses yeux, Annie fait partie du décor et il la croise sans s'y intéresser. Il se rendra compte qu'Annie est une des rares personnes qui écoute véritablement sa musique et qui la ressent pleinement. Lucy reviendra vers lui grâce à Annie, mais uniquement pour le trahir. Sa désillusion sera grande et la vodka viendra le consoler. Alors que Viktor est persuadé qu'il ne vaut rien, Annie croit pourtant en lui et en son talent. Troublé par la candeur de la libraire et par ce qui arrive à Lola, Viktor reconsidère sa propre condition et amorce progressivement un réel changement.
Niels Schneider est Viktor; un air de beau gosse un peu trash, doublé d'une désinvolture presque insolente cachant sa grande sensibilité. Son allure et ses traits slaves correspondent à ceux du pianiste paumé. Comme Viktor, Niels est dans la vie quelqu'un d'anxieux qui se ronge les ongles, fume beaucoup et vit avec une grande blessure : la mort de son frère alors qu'il était adolescent. Issu d'une famille d'artistes, il saura se glisser dans la peau d'un musicien, chanter et jouer du piano avec aisance. Ami de Sarah-Jeanne Labrosse, leur complicité sera palpable à l'écran. Ce rôle exigeant ne lui fait pas peur, et, au contraire, l'intéresse par sa complexité et les nombreuses facettes qu'il permet d'exploiter. Le fait que Niels parle avec l'accent français aussi bien que québécois, et qu'il soit connu des deux côtés de l'Atlantique, est bénéfique au projet.
Cheveux poivre et sel décoiffés, tenue débraillée, mine déconfite, Jacques-Olivier Leduc est un oncologue français pragmatique. Il parle de la maladie et des traitements avec détachement et ne semble pas avoir d'empathie pour ses patients. Son ton est monocorde, il manque d'énergie et donne parfois l'impression d'être dépassé par les événements. Souvent dans la lune, il est maladroit, un brin hypocondriaque et arbore parfois une blessure ou un pansement. Antisocial, il a du mal avec les relations interpersonnelles, peu importe leur nature (ne serre pas la main, garde une distance physique, fuit les questions de ses patients). Homme de peu de mots, son visage est par contre très expressif. Les frasques d'Annie et de Lola l'exaspèrent et la bonhomie de Francine le fatigue.
Il a toujours su qu'il serait médecin. Brillant, il excelle dans le domaine et rédige des articles pour des journaux de médecine dès l'adolescence. Rapidement, il devient le praticien le plus réputé de son pays. Veuf, sa femme est décédée d’un lymphome sans qu’il puisse la guérir. Depuis, il s'en veut et en veut à la Terre entière. La culpabilité l'envahit chaque fois qu'il perd un patient, ce qui renforce sa détermination à enfin trouver un remède au cancer. Il passe ainsi beaucoup trop de temps à l'hôpital, négligeant son apparence et son alimentation. Il a quitté l’Europe pour fuir son passé. On ne sait pas grand-chose de lui au Québec, seulement que c'est une pointure en oncologie. Son indifférence est en fait la carapace qu’il s’est créée pour ne plus souffrir. Il est insensible aux charmes de Lola et déteste l'ingérence d'Annie. En dépit de son attitude, il est respecté (et toléré) par le personnel de l'hôpital, surtout par Francine, son infirmière en chef. Pour exorciser sa douleur et honorer leur mémoire, il fabrique des collages naïfs à partir de petits objets personnels subtilisés à ses patients. Confronté à la maladie de Lola, qu'il ne peut guérir, Dr Leduc en viendra à laisser tomber sa garde pour entrer en relation avec ses patients, surmonter sa culpabilité et cesser de se punir pour les choses qu'il ne peut changer.
Francine Fillion, infirmière dévouée, s'est « enrôlée » dans la profession par vocation totale. Québécoise pure laine, elle est célibataire sans enfant et a tout de la vieille fille. Elle se consacre tout entière à la santé de ses patients et leur accorde toute son attention. Infirmière en chef, elle gère le département d'hémato-oncologie d'une main de fer. Ses patients sont les enfants qu'elle n'aura jamais; elle est très stricte avec eux, mais elle le fait pour leur bien. Imprévisible, elle peut passer du sourire à la colère sans avertissement. Craignant d'être un jour dépassée par des collègues plus jeunes, elle teint ses cheveux, porte des lunettes roses et des tenues d'infirmière de couleurs vives et variées, selon les jours et ses humeurs.
D'abord antipathique, elle devient la complice d'Annie et développe une relation maternelle avec Lola, dont elle saisit la vraie nature sous son masque. Dans l’ombre des médecins, elle déborde de compassion pour ses patients et ferait tout pour eux, en autant que ce soit conforme au règlement de l'hôpital. Compatissante et psy à ses heures, elle reçoit Annie en douce dans une chambre vétuste afin qu'elle se vide le cœur. Elle admire le Dr Leduc et le déteste à la fois. Elle subit sa mauvaise humeur et son indifférence sans broncher.
Guylaine Tremblay a tout de suite été interpellée par le personnage de Francine. C'est d'ailleurs elle qui m'a contactée pour interpréter ce rôle! Lola et moi est un projet qui l'emballe et qui lui tient à coeur. Après l'avoir rencontrée et vue jouer dans Encore une fois, si vous permettez de Michel Tremblay, je sais qu'elle sera une Francine fougueuse, sensible et humaine, qui marquera les spectateurs.
Micheline Therrien, mère de Lola, est une belle femme que la vie a ravagée. Retirée de chez elle enfant parce qu'elle était violentée, elle a connu les foyers d'accueil, pas l'amour. Son parcours est parsemé d'espoirs déchus et de découragement. Vivant sur la Côte-Nord, elle n'a pas eu accès aux ressources nécessaires et s'est rapidement tournée vers la drogue et la prostitution, des « valeurs sûres » pour elle... Enceinte, Micheline a voulu garder le bébé, rêvant de fonder une vraie famille. Le père l'a menacée et elle a été contrainte de fuir à Montréal pour se cacher. Lorsque Marie-Claude vient au monde, elle fait tout pour lui donner une enfance stable, mais drogue et prostitution sont rarement garants d'un foyer équilibré. Prise au piège dans une voie déjà toute tracée pour elle, Micheline veut mourir le jour où Marie-Claude quitte la maison pour ne jamais y revenir.
Micheline perd la trace de sa fille, devenue Lola. Le départ de sa fille la plonge dans une dépression qui aggrave ses problèmes de consommation, mais qui lui permet ensuite de trouver la motivation nécessaire pour s'en sortir, ce qu'elle réussit à faire. Sobre depuis plus de 10 ans, Micheline trouve les coordonnées de sa fille en voyant une photo d'elle dans le journal. Depuis, elle lui envoie des cartes de souhaits à toutes les fêtes, auxquelles Lola ne répond pas. Lorsqu'Annie la contacte pour venir au chevet de Lola, Micheline voit l'opportunité de se racheter auprès d'elle, et peut-être même de la sauver. Ses illusions se brisent quand Lola la rejette. Micheline sait très bien que Lola est abîmée par sa faute et que rien ne pourra changer l'enfance qu'elle lui a donnée. Elle n'abandonne pas et parviendra à vivre une réconciliation rédemptrice avec Lola, l'aimera et sera aimée d'elle, même si elle devra la perdre définitivement. Micheline sera alors un peu plus en paix avec elle-même et avec la vie.
Sylvie Drapeau possède l'intensité et le dépouillement de l'âme indispensables pour aborder le rôle de cette mère résiliente et profondément écorchée, qui a besoin du pardon (et de l'amour) de sa fille pour continuer à vivre.
Azym Ghozzi est arrivé de Tunisie il y a deux ans pour exercer le métier qu'il aime : boulanger. Entouré de femmes (sœurs, tantes, cousines) depuis l'enfance, Azym vénère sa mère. Il a d'abord étudié la boulangerie à Paris, mais a préféré s'installer au Québec, car on y trouve moins de boulangers et que les gens sont plus sympas. Toujours blagueur (voire grivois), serviable et travailleur, sa boulangerie s'est taillée une solide réputation. Il crée ses propres pâtisseries, qu'il affuble de noms douteux, et confectionne un pain signature, le pain fesse. Il se sent malgré tout étranger et fait tout pour s'intégrer et se faire accepter. Il a le béguin pour Annie, si gentille avec lui, qui l'a toujours encouragé et qui l'aide avec ses papiers d'immigration. Il rêve de l'épouser et dit à qui veut l'entendre qu'elle est sa fiancée et qu'il la remènera au pays. Il envoie des selfies d'Annie et de lui à sa mère.
Son affection pour Annie est peut-être sincère, mais il a surtout besoin d'elle pour mener ses dossiers administratifs à terme pendant qu'il s'affaire aux fourneaux. Annie, voulant bien faire, a toujours fait les démarches à sa place, rendant Azym dépendant de son aide. Lorsqu'Annie le délaisse pour s'occuper de Lola, malade, Azym se retrouve dépourvu et devient possessif. Il n'aime pas Viktor, qu'Annie trouve de son goût, et le voit comme un rival. Privé d'Annie, il jettera son dévolu sur une autre cliente avec qui il développera une véritable relation amoureuse. Azym sera là pour Annie quand elle sera au plus bas.
Azym est inspiré de mon ami tunisien Anis, qui tient un café et partage la dérision de ce personnage. Adib Alkhalidey, ami d'Anis, s'intéresse au projet et fait présentement la lecture du scénario. Il serait un Azym juste, bouffon, mais aussi vulnérable.
Raymond est un sans-abri original. Bouddhiste, il pratique la méditation et le tai-chi, dévore les livres qu'Annie lui procure, affiche un sourire béat et ne mendie pas. Il n'est pas tout à fait « sans-abri », puisqu'il s'en est bâti un sous l'escalier d'Annie. Ami des plantes, fleurs, arbres et arbustes, il a constitué sa cabane de végétation s'entourant d'êtres vivants qu'il considère comme ses égaux. Comme au Japon, il retire ses chaussures avant d'entrer quelque part. Il est souvent accompagné de son bonsaï, Kitano, à qui il fait la lecture. Raymond porte une chienne de travail jaune délavé et un bonnet de laine malgré l'été. Un passage dans l'armée a fragilisé sa santé mentale. Un jour, il a tout perdu à cause de l'alcool, mais est parvenu à se libérer de ses démons pour se reconstruire. Il n'est pas affligé par sa condition et est ,au contraire, rempli de gratitude envers la vie et le fait d'être en santé.
Annie et lui sont amis. Elle aime discuter avec Raymond et lui faire découvrir des livres. La libraire s'assure qu'il ne manque jamais de rien et qu'il ait toujours quelque chose à manger. Annie lui permet d'utiliser la salle de bain de la librairie pour faire sa toilette. En plus de prendre soin de Raymond, Annie lui fait confiance et lui donne l'occasion de se rendre utile en travaillant à la librairie. Tout en conservant son anarchisme, Raymond va peu à peu (et à sa manière) réintégrer la société. Sa tenue et sa coiffure évoluent au cours du récit, devenant plus soignées. Il est en quelque sorte, le sensei (maître) d'Annie.
Comme le Richard Gere dans le film Time Out Of Mind, j'imagine un Gilbert Sicotte méconnaissable affublé d'un bonnet, de longs cheveux blancs et d'une immense barbe hirsute. Un rôle drôle et tendre, que cet acteur aguerri jouerait à merveille.
Mathilde Mongrain, nonagénaire, patiente du Dr Leduc, est traitée à l'hôpital de la Providence pour un lymphome. Douce, souriante, discrète, elle est toujours bien mise et maquillée, adorant les vêtements chics et les bijoux. Elle porte deux écharpes sur la tête pour cacher son crâne rasé, une jaune et une bleue, nouées de telle sorte que la dame évoque la toile de La jeune fille à la perle du peintre Johannes Vermeer. Toujours assise dans le même fauteuil au bout du couloir, sa valise à ses pieds, Mathilde affirme qu'elle est guérie et que son mari arrivera dans quelques minutes pour la ramener à la maison. Amoureuse de lui comme au premier jour, elle vante ses mérites auprès d'Annie, charmée par ses récits. Mais son mari ne se présente jamais...
Ex-petit ami d'Annie, Simon est un auteur qui vient de connaître la popularité qu'il a toujours souhaitée. Narcissique, convaincu de son talent, il porte les cheveux mi-longs et une barbe de quelques jours, faussement négligée. Lorsqu'il vivait avec Annie, c'est elle qui payait les factures puisqu'il « devait absolument écrire ». Annie a toujours cru en lui, l'a présenté à des éditeurs et l'a épaulé. Quand Annie prend soin de sa mère malade et sent que Simon lui en veut d'être mis à l'écart, elle préfère le quitter plutôt que de le confronter. Simon se venge dans les bras de Lola, qui ne voit pas de problème à leur union puisqu'Annie s'était débarrassée de lui. Annie, qui leur en veut, coupe les ponts avec lui, mais passe l'éponge à l'égard de Lola. Lorsque son roman est publié, Simon insiste pour que Lola en fasse la promotion et que le lancement se déroule à la librairie d'Annie. Simon veut la reconquérir avec son livre, qu'il lui a dédicacé. Annie est passée à autre chose, Simon doit ravaler son orgueil.
Emmanuel Schwartz a accepté le rôle de Simon, bien que celui-ci soit secondaire, parce qu'il croit au projet et qu'il désire en faire partie. Il saura habilement incarner l'artiste incompris que la gloire rend prétentieux. L'acteur sait aussi très bien jouer les silences et les regards chargés d'émotions nécessaires à la scène du lancement, où son personnage retrouve celui d'Annie.
Maurice Dionne, un gentleman, est l'amant fidèle de Lola, aimant et compréhensif. Bourré d'attentions à son égard, il ne la laisse pas tomber quand il apprend qu'elle est malade. Son amour sincère pour Lola fait malheureusement en sorte qu'elle s'intéresse moins à lui qu'aux autres. Pierre Therrien, qui a un attachement particulier à ce projet, interprètera ce rôle qui lui sied tout à fait.
Claude Gauvreau est à la fois l'idole d'Annie et son complice. C'est grâce à sa poésie que la libraire peut faire apparaître des mondes parallèles. Sa mère l'initie à l'univers de Gauvreau alors qu'elle est adolescente et Annie en sera tout de suite fascinée. C'est seulement suite à sa rupture avec Simon et à la mort de sa mère (au cours de la même période) que Claude Gauvreau commence à se matérialiser devant Annie (et uniquement elle) dans la librairie. Annie se sert malheureusement trop de lui comme béquille et devra apprendre à s'en libérer. Ce personnage est une évocation de Claude Gauvreau et non une représentation biographique de l'auteur. Son âge est indéterminé et il porte un costume noir démodé, une chemise blanche et une cravate trop courte. Ses cheveux sont longs et sa moustache bien fournie. Rémy Girard est naturellement Gauvreau à mes yeux. C'est à travers Rémy que j'ai moi-même plongé dans l'univers du poète qu'il a déjà incarné, à sa manière, lorsqu'il a créé le spectacle Rémy Girard enchansonne Claude Gauvreau.
Boris est un piano droit Gerhard Hertzman. Fabriqué à Toronto dans les années 30, il a été repeint en bleu et a passé la dernière partie de sa vie dans la rue comme piano public jusqu’à ce que Viktor le délivre. Ils sont devenus inséparables. C’est en voyant que Boris chaussait des roulettes que Viktor eu l’idée de lui fabriquer une laisse et de le trimballer partout avec lui. Boris aide tant bien que mal Viktor à composer sa musique, mais ne peut générer le talent pour lui. Il est parfois légèrement désaccordé, mais il se maintient malgré son âge vénérable. Il possède sa propre personnalité et n’hésite pas à faire entendre son point de vue à Viktor, parfois en refusant carrément de jouer ou alors en exprimant ses émotions à travers une série de notes.
Lola et Yanie se rencontrent. Lola travaille à temps partiel comme attachée de presse, Yanie comme bibliothécaire.
Lola et Yanie se brouillent au sujet du même musicien de jazz.
Lola apprend qu’elle souffre d’une leucémie. Elle se fait soigner, mais finit pourtant par en mourir.
Yanie tourne le court métrage Les choses de ma vie, inspiré des réflexions de son amie Lola lors de sa maladie.
Après sa première aux RVCQ, Les choses de ma vie est diffusé dans une douzaine de festivals à travers le monde (Marseille, Prague, Toronto, Lausanne, Clermont-Ferrand, etc.) et sera mis sur le marché de la distribution par Spira Films.
Yanie tourne le court métrage L'été indien en utilisant un langage narratif qui sera plus tard utilisé pour Lola et moi.
Les choses de ma vie est sélectionné pour figurer sur la compilation 10 courts métrages de Vidéo Femmes qui sera présentée dans plusieurs salles du Québec. Inspirée par le succès de son court métrage, Yanie commence la rédaction d'un long métrage inspiré de son amitié avec Lola. Le projet s'intitule à cette époque Amies pour la vie et il reçoit une première subvention de la SODEC pour la rédaction de la première version dialoguée.
Yanie termine la première version dialoguée de son long métrage.
Le projet Amies pour la vie, qui en est désormais à sa deuxième version, devient Lola et moi et obtient une seconde subvention de la SODEC, cette fois-ci pour produire la version finale du scénario.
Lola et moi est sélectionné parmi 235 projets internationaux pour le Pavillon International Des Scénaristes à Cannes.
Le producteur français Christophe Audeguis de la boîte The cup of tea se joint au projet en tant que coproducteur et Chantale Pagé de Maison 4:3 prend le projet sous son aile à la distribution.
Plusieurs comédiens sont confirmés au casting: Sarah-Jeanne Labrosse, Neils Schneider, Guylaine Tremblay et Rémy Girard.
Des collaborateurs artistiques se joignent au projet: Louis-Jean Cormier à la musique, Guy Dufaux à la direction photo et Stéphane Lafleur au montage et Sébastien Thibault aux illustrations.
Dépôt en production à la SODEC.
1989
1994
2007
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Yanie Dupont-Hébert est scénariste et réalisatrice. Elle a fait plus d'une fois le tour de la planète et les différentes cultures avec lesquelles elle entre en contact sont, pour elle, source d’inspiration et de vie. Elle réalise des films et séries documentaires, des webséries, des publicités et de la fiction. En plus d’être une cinéaste active du mouvement Kino, elle est membre du conseil d’administration de la cellule montréalaise. Elle a également collaboré en tant que vidéaste invitée au collectif artistique Farine Orpheline cherche ailleurs meilleur. Elle donne des ateliers de cinéma aux réalisateurs en herbe et manie souvent elle-même la caméra.
Ses fictions ont été projetées dans de nombreux festivals de par le monde et ont récolté accolades et prix (meilleur scénario, meilleure réalisation). Ses oeuvres documentaires sont diffusées à l’international et ont été primées au Québec (meilleure série documentaire, meilleure réalisation, prix du multiculturalisme). Elle prépare son premier long métrage de fiction, Lola et moi (sélectionné au Pavillon des Scénaristes du Festival de Cannes 2016), produit par Groupe PVP.
Courriel : yanie@lolaetmoi.ca
Phoenix Film Festival Melbourne
Les prix du KIDS Festival Espagne
Semi finaliste Martinique film festival
Semi finalist Creactive Open
Sélection Los Angeles CineFest
Selection WIND festival
Selection Fort Myers Film Festival
Festival Cinema Ville Québec
Fantasia
RVCQ
CinéFranco
Ficmo
Nuit du court de Lausanne
Instants Video Marseille
Les Courts des Grands
Clermont Ferrand
Yanie Dupont-Hébert
Greg Nowak
Groupe PVP
Sébastien Thibault
La Maison des Scénaristes
Développé en collaboration avec la SODEC
Christophe Audeguis
Michel Gauthier
Vincent Leroux
Vic Pelletier
Chantale Pagé (Maison 4:3)
IXION communications